Le Bastion des larmes - Abdellah Taïa (2025)

Le Bastion des larmes - Abdellah Taïa (1)
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Abdellah Taïa

EAN : 9782260056515
224 pages
Julliard (22/08/2024)

3.74/5 158 notes

Résumé :

À la mort de sa mère, Youssef, un professeur marocain exilé en France depuis un quart de siècle, revient à Salé, sa ville natale, à la demande de ses sœurs, pour liquider l'héritage familial. En lui, c'est tout un passé qui ressurgit, où se mêlent inextricablement souffrances et bonheur de vivre.
À travers lui, les voix du passé résonnent et l'interpellent, dont celle de Najib, son ami et amant de jeunesse au destin tragique, happé par le trafic de drogue et ... >Voir plus

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Critiques, Analyses et Avis (53)Voir plusAjouter une critique

3,74


sur 158 notes

516 avis
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Cannetille

10 octobre 2024

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Après bien des années d'atermoiement et d'insistance de ses six soeurs restées sur place, Youssef, professeur exilé en France depuis plusieurs décennies, se décide enfin à revenir à Salé, la ville marocaine de son enfance, pour solder l'héritage de leur mère morte. Là-bas l'attendent les souvenirs d'une jeunesse douloureuse, humiliée et violée parce que trop différente et efféminée, et qui ne cesse de le hanter à travers la voix fantomatique de Najib, son premier amour perdu. Ce dernier est quant à lui déjà revenu à Salé. Devenu gros bonnet de la drogue sous la protection d'un colonel de l'armée du roi Hassan II, un homme suffisamment puissant pour s'affranchir des lois et pour vivre sans dommage son homosexualité, il a, pour sa part, décidé de s'y venger de ses anciens tortionnaires en les rendant dépendants de ses largesses. Une revanche personnelle qui ne change rien au terrible sort communément réservé aux homosexuels dans un pays qui les criminalise toujours…

Il y a bien sûr beaucoup de l'auteur dans ce récit, lui l'homosexuel que la société marocaine ne veut pas voir et qu'à travers ses personnages, il sort de sa réclusion en le plaçant au centre de ses romans. Prolongement de lui-même, Youssef se fait la voix des minorités LGBT bafouées dans son pays, mais aussi celle des femmes – Abdellah Taïa a huit soeurs aînées qui, après leur mère, lui ont appris à inventer la liberté quand elle manque – et de tous ceux qui se retrouvent laminés par le pouvoir d'autrui. Transgressif, parfois cru, son livre est un geste politique, un acte de révolte contre la violence sociale. On y découvre une société marocaine paradoxale, empreinte d'un rigorisme moral et religieux n'empêchant aucunement, ni la corruption de faire florès, ni les puissants de favoriser, ouvertement et en toute impunité, des intérêts personnels aussi immoraux qu'illégaux. Malheur aux faibles et sans défense : « Les femmes ne devraient jamais se marier. le mariage, c'est la mort instantanée. » Et personne ne penserait à s'y insurger contre le viol systémique des garçons trop féminins.

Si certaines scènes sont effroyables, elles sont le strict reflet d'une réalité insupportablement ordinaire contre laquelle l'auteur a décidé de se battre à coups de mots, parce que, pour que les choses changent, il faut d'abord qu'il y ait prise de conscience, et que sans les victimes pour se révolter et oser crier la vérité, cela n'adviendra jamais. Cette rébellion, il l'inscrit jusque dans le titre du roman, en référence à l'histoire de sa ville, Salé, et aux vestiges encore visibles de la muraille construite après le raid meurtrier des Castillans en 1260. Une ville que son personnage n'évoque qu'avec effroi, mais aussi avec beaucoup d'amour. Car, au final, c'est bien l'amour, de sa mère, de ses soeurs, et celui qu'il ressent pour les autres victimes – Najib ou ce petit garçon abusé au hammam – qui le préservent du désespoir en lui redonnant l'estime de lui-même et la force de résister.

Un livre douloureux, magnifique et cruel, où la colère et la révolte finissent par trouver l'amour en réponse à l'hypocrisie et à la haine homophobe qui plombent la société marocaine.

Lien : https://leslecturesdecanneti..

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* Puissant et poignant *

Attention, ce roman n'est émotionnellement pas facile.

Il nous conte la condition des homosexuels dans la société marocaine, et plus particulièrement des enfants considérés comme tels sans fards, en termes crus. Les viols immondes, au vu et au su de tous, même de la famille qui se tait. La déconsidération de ces enfants, au point qu'il ne sont plus que jouets sexuels pour les hommes du village.
Ca fait plus que froid dans le dos, ca donne envie de gerber, vraiment.
Et j'espère que la société marocaine a évolué, que ce n'est plus comme ça.

Qu'ont tous ces gens a vouloir ostraciser d'autres personnes car ils sont non pas différents, mais parce qu'ils aiment différemment.

Youssef, prof à Paris, doit retourner à Salé pour vendre l'appartement de sa mère qui est décédée quelques années auparavant. Avant ce voyage, Najib vient lui parler dans ses rêves. Najib, c'est son ex-petit copain. Il avait 16 ans, Najib en avait 24. Najib a choisi de partir pour suivre un amant. Dans les rêves de Youssef, Najib lui raconte son enfance, les humiliation, les sévices, les viols à répétitions. Il lui dit aussi qu'il est rentré à Salé pour se venger de ces gens et de sa famille. Va-t-il assouvir sa vengeance ?

Le retour à Salé, remets Youssef sur les pas de son enfance, les liens avec ses soeurs, la période heureuse de l'enfance... mais aussi son propre viol, car lui aussi a vécu ça.

On découvre une société marocaine hypocrite au possible, sans respect de l'être humain, de l'enfance, où l'argent seul permet de fermer les yeux sur la différence.

Ca fait plus que froid dans le dos, ça glace le sang.
J'espère de tout mon coeur que cette société décrite a évolué vers plus d'ouverture et de respect de l'autre, quel qu'il soit.

Un tout grand roman de cette rentrée.

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gonewiththegreen

06 octobre 2024

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Youssef rentre au Maroc vendre l'appartement de sa mère . L'occasion pour lui de replonger dans ses souvenirs , ceux d'un jeune gay au Maroc.

Livre émouvant qui doit forcément avoir un coté autobiographique . L'évocation des liens familiaux , douloureux entre Youssef et ses soeurs, le poids de la religion , omniprésent ici, les souvenirs douloureux autour d'autres membres de la communauté gay sont les piliers de ce livre .
Je l'ai lu sans en connaitre le thème , je trouve la littérature nord africaine très intéressante , mais honnêtement, c'est usant de toujours tout ramener à la religion. Ici, bien sur que c'est obligatoire pour montrer l'absurdité de celle ci ou plutôt l'incohérence d'hommes qui priant cinq fois par jour se croient au dessus des lois , en tous les cas de celles de la religion.
Bon , et ce bastion des larmes , c'est quoi ? C'est un lieu à Salé dont l'origine est dévoilée dans le roman. C'est un bel endroit, où l'on vient se souvenir , penser aux êtres chers.

C'est un roman intéressant, montrant bien la souffrance des homosexuels , parfois un peu décousu. Pas l'étoffe d'un Goncourt, mais ce ne serait pas le premier.

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Jean-Daniel

12 octobre 2024

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Avec "Le bastion des larmes", Abdellah Taïa fait appel aux thématiques récurrentes de son oeuvre : le Maroc, l'exil, les liens familiaux, l'enfance, la pauvreté, l'homosexualité. Il y aborde la condition gay au Maroc, décrivant la domination de l'hétérosexualité et l'invisibilisation des amours non conformes.

Le lecteur suit le parcours de Youssef, le double d'Abdellah Taïa, professeur exilé en France depuis vingt-cinq ans, de retour dans sa ville natale de Salé, au Maroc, pour y vendre la maison de sa mère récemment décédée et dont il a hérité. Tout son passé ressurgit, les anciennes voix se croisent et se répondent, dont celle de Najib, un amour de jeunesse au destin tragique. Celui-ci apparaît dans ses rêves et lui parle, ressassant certains souvenirs et évoquant la condition des gays au Maroc. Youssef retrouve ses soeurs qu'il a tant aimées mais que le temps a changé. Enfant, Youssef a été sauvé de la solitude grâce à ses soeurs, il les adore mais aujourd'hui il leur en veut car elles ne l'ont pas assez protégé. À mesure que Youssef s'enfonce dans les ruelles de la vieille ville, un monde oublié reprend forme, guetté par la misère et la violence, où la différence, sexuelle ou sociale se paie au prix fort.
Loin d'être un livre sur le chagrin ou la douleur, le livre est dédié aux six soeurs aînées d'Abdellah Taïa, celles-ci ont exercé une influence déterminante et prennent sous sa plume la forme d'héroïnes romanesques. « Nous étions entassés les uns sur les autres dans trois pièces d'une petite maison très pauvre, dans une promiscuité à la fois infernale et sublime. Avoir en tout temps entendu ces femmes en train de parler, de déconstruire le monde, la société, le quartier, les hommes, de ne pas du tout avoir peur d'exprimer leurs désirs, ce qu'elles traversaient, a fait que leurs voix sont éternellement en moi", indique Abdellah Taïa.

Ce roman engagé met en lumière les brimades et violences infligées à ceux qui vivent en marge de la norme et renvoie à un contexte marocain politique et social complexe, particulièrement pour les populations vulnérabilisées.

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Ileauxtresors

22 août 2024

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Rentrée littéraire 2024, première lecture !

Six soeurs, trois frères. Dans cette société marocaine qui cloisonne largement l'existence des hommes et des femmes, c'est de ses soeurs que Youssef se sent proche. Elles forment un cercle soudé et fascinant qu'il désespère de pouvoir rejoindre.

À l'occasion d'une visite dans la ville de leur enfance, Salé, pour vendre l'appartement de leur mère, Youssef fait défiler les souvenirs: la survie douloureuse et miraculeuse d'un garçon homosexuel dans le quartier de Hay Salam sous le règne de Hassan II, son existence silencieuse dans l'ombre de celle des autres, l'amour absolu porté aux soeurs, le tiraillement entre pulsions vengeresses et tentation de pardonner, le pouvoir rédempteur des larmes.

Le fil conducteur est parfois énigmatique, mais la plume de Abdellah Taïa est vraiment singulière. Belle, évocatrice, rythmée. La narration glisse le plus souvent vers la deuxième personne lorsqu'en rêve, en pensée, lors d'une conversation téléphonique ou au détour d'une lettre, Youssef converse avec les protagonistes de son histoire. Cette manière de raconter est très vivante et immersive, nous donnant à entendre les voix de chacun et à revivre des scènes marquantes. Ainsi, j'ai plongé au coeur de la ville de Salé, écouté voisins, marchands, prostituées et imams dans un dédale de rues, de boutiques et de hammams où traditions, héritages et codes d'honneur règnent en maître.

Surtout, j'ai été percutée par la violence qui s'exerce sur les homosexuels avec l'approbation silencieuse des passants comme des proches. Et touchée par la sensibilité avec laquelle l'auteur restitue la tectonique des liens au sein de la fratrie.

Un roman dur mais sensible et révélateur.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..

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critiques presse (4)

Culturebox

16 octobre 2024

L'écrivain marocain, prix de Flore 2010 pour "Le Jour du roi", revient solder les comptes d'une enfance meurtrie dans le Maroc des années 1980. Un roman déchirant sur la violence d'une société où l'homosexualité demeure pénalement répréhensible. Un livre en course pour les prix littéraires.

Lire la critique sur le site : Culturebox

LeFigaro

25 septembre 2024

Un professeur exilé en France retourne au Maroc à la mort de sa mère. Là-bas l'y attendent les voix du passé. Cru et cruel.

Lire la critique sur le site : LeFigaro

LeMonde

23 août 2024

Abdellah Taïa écrit avec sa vie, et ses personnages lui ressemblent. Le Youssef du "Bastion des larmes", son nouveau roman, est proche de l’Ahmed de "Celui qui est digne d’être aimé" (Seuil, 2018) et du Mounir de "La Vie lente" (Seuil, 2019). On retrouve dans tous ses livres les éléments-clés que sont la famille nombreuse, la pauvreté, l’homosexualité, l’exil, la ville de Salé, au Maroc.

Lire la critique sur le site : LeMonde

LeMonde

23 août 2024

Ensemble, [les personnages] sont inoubliables, vivant des moments splendides qui sont du côté du rire et des larmes, d’une douceur qui est parfois plus douloureuse que la dureté.

Lire la critique sur le site : LeMonde

Citations et extraits (20)Voir plusAjouter une citation

Cannetille

10 octobre 2024

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Les femmes ne devraient jamais se marier. Le mariage, c’est la mort instantanée.

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lenalaplaya

10 octobre 2024

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J’ai vu, Youssef. J’ai compris. Il n’y a pas de salut. Je ne serais jamais guéri. Je dois prendre ma revanche. Je la veux, ma vengeance. Je la veux et je la revendique.

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lenalaplaya

09 octobre 2024

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Ouvre les yeux. Ouvre-les et ose me dire que je n’existe plus en toi. Ni dans ton cœur. Ni dans ta mémoire. Ni sur ta route. Ouvre-les yeux et dis mon prénom. Tu m’entends ?

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nathavh

06 octobre 2024

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Le hammam c'est beau. Toute cette eau qui coule. Cette saleté en nous qui sort. Le hammam est un lieu de miracle. de transformation. Je l'aime, le hammam.

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nathavh

06 octobre 2024

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Au milieu d'eux, j'étais plus qu'un hypocrite. Je pouvais jouer tous les rôles. Le confident. Le jaloux. Le mendiant. Le clown. Le servile. La petite danseuse. La serpillière sur laquelle ils essuyaient toutes et tous leurs pieds. Pourvu qu'on me laisse tranquille. Pourvu qu'on m'aime un peu. Un tout petit peu. Et qu'on ne me rappelle pas en permanence à quel point le grand frère que j'étais leur faisait honte.

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Le Bastion des larmes - Abdellah Taïa (26)

Abdellah Taia vous présente son ouvrage "Le bastion des larmes" aux éditions Julliard. Rentrée littéraire automne 2024.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3156833/abdellah-taia-le-bastion-des-larmes
Note de musique : © mollatSous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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Author: Pres. Lawanda Wiegand

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Name: Pres. Lawanda Wiegand

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